Votre document est en cours de téléchargement, ce qui peut être long, ne déconnectez pas votre appareil ! Légendes d’Automne
Le titre romantique, sinon épique, éveille déjà les nombreuses attentes de notre imagination. Pourtant, il est hardi et imprudent, pour un auteur, d’intituler ainsi une oeuvre de fiction, car ces attentes doivent être comblées. Mais la première phrase nous entraîne au but du premier paragraphe et nous voilà tout entier emportés, hypnotisés. Nous parcourons le monde en compagnie de ces personnages extraordinaires, courageux, faillibles, héroïques, blessés, dans les régions sauvages du Montana, à travers les villes de l’Amérique, puis en Angleterre, en France, au Mexique, à Hawaï, aux îles Caïmans, à Singapour, à Manille, au Kenya… à dos de cheval, à pied, en voiture, en train ou sur un schooner en haute mer.
En sus du drame du drame inhérent à l’histoire, l’écriture poétique, sa cadence lyrique, et le pur génie de Harrison, nous maintiennent captifs. Jim écrivait tous ses livres à la main, sur de grands blocs notes et m’a raconté qu’il avait rédigé « Légendes d’Automne » en 12 jours, sans en changer un mot par la suite. Ce récit automnal, cette tragédie américaine, a l’étoffe des grandes légendes et la chevauchée fantastique dans laquelle il nous entraîne nous laisse à la fin vidés, le coeur en pleurs.
J’ ai rencontré Jim en 1978, peu après la publication de l’ouvrage. Il avait 41 ans et nous sommes restés proches jusqu’à sa disparition, en 2016. De fait l’automne est une saison déchirante qui, à mesure que les jours raccourcissent, que les feuilles jaunissent et tombent à terre nous rappelle de manière aiguë notre mortalité. Et c’est à l’automne que nous nous sommes vus le plus souvent; avec d’autres amis, nous allions pêcher et chasser du petit gibier dans le Michigan, le Montana et l’Arizona. Nous avons préparé et partagé de somptueux repas, et puis nous avons ri… tant ri! Comment se prémunir autrement contre le spectre de l’hiver?
