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Anne Elisabeth Lemoine
Peur

Me lever le matin est un bonheur

10/09/2019
Paris, France

A 10 ans j’étais une petite fille très pieuse. Un soir, en 1981, alors que je faisais ma prière avant d’aller me coucher, j’ai entendu une voix qui me disait: « tu vas mourir le 11 mai 1982! » Je suis descendue effrayée voir mon père qui, après m’avoir écoutée a expédié mon cas- « vas faire une prière! »- au lieu de me rassurer avec un « bien sûr que ça n’arrivera pas! ».
J’ai vécu pendant un an dans la terreur de ce 11 mai 1982. Je me disais que je ne survivrais pas à l’anniversaire de ma sœur aînée véronique, née un 13 mai.

J’en avais parlé à mes amies de la légion d’honneur, où j’étais en pension. Mais c’était compliqué cette angoisse à porter pour une petite fille de 11 ans. La nuit du 10 mai, j’ai voulu résister au sommeil. J’avais demandé à mes copines de veiller sur moi dans le dortoir. Et puis, évidemment je me suis endormie. Je me souviens encore de leurs remarques malicieuses le lendemain:  » Eh Babeth, tu es toujours en vie! »

Sérieusement, c’est un épisode assez fondateur dans mon fonctionnement mental et dans la façon dont j’envisage l’existence. La mort est une réalité. Je pense à elle, tous les jours. C’est ma façon de m’y préparer.

Mais je ne traine pas cette pensée comme un boulet. Je suis d’un naturel joyeux. Me lever le matin est un bonheur.